À la recherche de l’odorat perdu

Nous sommes nombreux à avoir perdu l’odorat lors d’un passage de la petite bête microscopique qui a réussi à bloquer le monde entier, et dont on se souviendra longtemps.

J’ai également eu l’occasion de faire sa connaissance et de perdre un de mes sens, ce qui m’a fait plonger dans une sensation bizarre d’isolement et m’a coupée de mon environnement. C’est dans ces moments précis que l’on prend conscience que chaque pièce du puzzle est importante et lorsque nous en perdons une, nous faisons tout pour la récupérer.

C’est ainsi que je me suis retrouvée à la recherche de mon odorat perdu. Dans un premier temps j’ai commencé par me poser la question « À quoi sert-il ? » C’est un sens fondamental qui contribue à notre expérience sensorielle, à notre sécurité et à notre interaction avec le monde qui nous entoure. Les rôles qu’il joue au sein de notre organisme sont essentiels à la survie :

Perception des arômes alimentaires : Il contribue à notre expérience culinaire en nous permettant de distinguer les différentes nuances et saveurs des aliments. Il est intimement lié au goût. En travaillant en tandem avec les papilles gustatives, l’odorat nous permet de percevoir et d’apprécier les différentes saveurs des aliments. Ainsi, la perte de l’odorat altère également notre expérience gustative, rendant les repas moins savoureux et moins gratifiants.

Alerte de dangers : Il peut nous avertir de situations dangereuses en nous permettant de détecter des odeurs potentiellement nocives, comme les produits chimiques toxiques, les gaz dangereux ou les aliments en décomposition.

Souvenirs et émotions : Les odeurs sont étroitement liées à notre mémoire et à nos émotions. Elles peuvent évoquer des souvenirs précieux ou susciter des réactions émotionnelles intenses.

Communication sociale : Il a un rôle dans la communication entre les individus. Certaines odeurs, comme les phéromones, peuvent transmettre des informations sur notre état émotionnel, notre attrait physique ou notre disponibilité sexuelle.

Sécurité alimentaire : Notre odorat nous aide à détecter les aliments avariés ou en mauvais état, ce qui peut nous protéger contre l’ingestion de substances nocives.

Mais ce qui attire mon attention c’est son rôle de guide vers le chemin de la nourriture. Lorsque nous sommes attirés par une délicieuse odeur de cuisine, notre odorat nous permet de localiser sa source et de suivre cette piste jusqu’à notre repas. Que ce soit le doux parfum d’un plat mijoté, l’arôme alléchant d’un café fraîchement moulu ou l’odeur appétissante d’un pain fraîchement sorti du four, notre odorat nous guide vers de délicieuses expériences gustatives. Sans lui, nous pouvons constater que nous perdons cette capacité à identifier les odeurs qui nous mettent l’eau à la bouche. Cela pourrait rendre la recherche de nourriture moins agréable et satisfaisante, puisque nous ne serions plus en mesure de détecter les arômes appétissants qui éveillent nos papilles gustatives.

En effet, lorsque l’on manque de nutriments, la première réaction de l’organisme c’est de déclencher la faim. C’est une réponse naturelle du corps pour nous inciter à trouver et consommer les aliments dont nous avons besoin pour assurer notre survie et notre santé. Une fois que la faim est déclenchée, notre odorat entre en jeu pour nous aider dans la recherche de nourriture.

Puisqu’il nous aide à trouver de la nourriture, et qu’il s’est retrouvé au chômage après le passage du virus, j’ai décidé de lui trouver du boulot. Je me suis laissée affamer volontairement, et pendant que mon corps réclamait intensivement de la nourriture, je reniflais tout ce qui pouvait faire réagir mes récepteurs olfactifs. Les huiles essentielles ont eu un effet concluant par la puissance de leurs arômes. Le fromage « qui pue » est passé inaperçu.

Vous pouvez imaginer la joie qui m’a envahie lors des premières molécules aromatiques détectées par mes narines. La perception était encore très faible mais mon émotion m’a conduite à l’erreur de me dire « c’est bon, c’est gagné ». Je me suis vite jetée sur la nourriture comme si elle allait m’échapper, et mon odorat a disparu à nouveau à l’instant où la machine a trouvé du carburant.

Rebelote, j’ai recommencé l’expérience plusieurs fois et mon odorat a joué avec moi pendant 3 jours. Il revenait et repartait. Il se cachait, je le retrouvais. Il s’échappait, je le rattrapais. Il était têtu mais je l’ai été plus que lui car j’avais besoin de lui plus qu’il avait besoin de moi. J’étais prête à souffrir, affamée et sans forces pour lui montrer à quel point il était précieux. 

N’étant pas dans des conditions me permettant de jeûner pendant plusieurs jours, j’ai opté pour l’idée de repousser chaque repas dans le but de rester affamée le plus longtemps possible. Bien entendu, chacun doit adapter le jeûne en fonction de ses possibilités. Et il a enfin cédé. Il est revenu et resté avec moi j’espère pour toujours. C’était une belle bataille, mais nous sommes enfin réunis. Et grâce à lui je revis et je profite de nouveau de tous les délices qui croisent mon chemin, ainsi que de mon environnement. 

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