
Les aliments crus sont nécessaires à notre alimentation. Ils nous fournissent une variété de nutriments essentiels, notamment des vitamines, des minéraux, des enzymes et des fibres alimentaires, tous indispensables à la vie. Certains nutriments disparaissent à la cuisson, d’où la nécessité de manger aussi cru. Toutefois, il existe des lois biologiques que nous devons respecter et une alimentation non adaptée pourrait créer des désordres physiologiques.
Ne manger que du cru c’est possible mais pas pour tout le monde. Si cela correspond à vos besoins, l’appliquer vous sera certainement bénéfique. Dans le cas contraire, cela pourrait avoir des effets inverses. Tout est une question de « comment » et « pourquoi ».
Regardons d’abord ce que Mère Nature nous fournit et comment elle le fait. C’est elle qui nous a créés mais avant d’avoir cette bonne idée, elle a pris le soin de nous donner tout ce qui est nécessaire à notre existence. La nourriture en fait partie. Quoi de mieux qu’un fruit délicieux en train de dorer sur une branche et qui n’attend que notre regard pour sacrifier sa vie au profit de la nôtre ? Tel est le destin de tous ces êtres vivants qui n’ont pas besoin de parler pour agir sur nous. Ils sont nombreux et divers. Ils se distinguent par leur beauté, leur richesse et par l’intérêt qu’ils suscitent pour nos papilles gustatives. Notre relation n’est pas qu’une fade dépendance nutritionnelle. C’est également une source de plaisir et de vie sociale. Ils sont le carburant de nos cellules mais aussi de l’ensemble de notre société.
Certains sont comestibles dès leur maturité, à l’instant même où ils quittent leur habitat. D’autres auront besoin d’une transformation pour être correctement intégrés à notre organisme. Ceci nous oblige à nous occuper d’eux et cette activité réveille quelque part notre créativité. Nous les nourrissons pour qu’ils nous nourrissent à leur tour. Nous les transformons mais ils nous transforment également. Ils sont l’union de nos cellules, la rencontre entre plusieurs personnes, le mariage entre la chimie et l’art. Telle est notre relation, et ils nous restitueront toujours ce que nous leur donnons. La nourriture n’est pas qu’un assemblage de molécules. Nous ne nous remplissons pas, nous nous nourrissons en fonction de nos besoins.
Les aliments crus sont précieux. Ils nous fournissent des nutriments qui ne résistent pas à la chaleur. Cependant, se nourrir uniquement de cru, veut dire se priver de certains aliments, notamment des féculents. Ils doivent obligatoirement subir une transformation par la chaleur, sinon ils sont indigestes. À partir du moment où l’on ne mange pas de féculents, on entre automatiquement dans ce que l’on appelle un « régime dissocié » qui consiste à ne pas mélanger les féculents et les protéines. Cela implique de manger des protéines à un repas et des féculents à un autre mais pas les deux en même temps. Dans ce régime alimentaire la digestion monte en vitesse. Cela est très bénéfique si vous avez un transit lent et si vous avez besoins de perdre du poids. Car en accélérant votre transit, vous allez éliminer plus et assimiler moins. Si ce n’est pas le but recherché, la perte de nutriments pourrait s’avérer néfaste. De ce fait, il est évident que supprimer le cuit doit se faire avec des précautions.
Un autre aspect du crudivorisme est la capacité refroidissante de ces aliments. La température corporelle a une tranche de variations assez restreinte. Elle n’est pas sans importance dans la régulation des réactions chimiques au sein de l’organisme. Un équilibre thermique adéquat est nécessaire pour que les processus biochimiques se déroulent efficacement. Par exemple, les enzymes, qui sont des catalyseurs biologiques, fonctionnent de façon optimale à une température spécifique, généralement proche de 37°C. La nourriture participe donc au processus de thermorégulation. Elle nous fournit l’énergie nécessaire pour maintenir cette température. Les aliments hypocaloriques refroidissent et inversement, les hypercaloriques réchauffent. Pour rappel, le mot « calorie » a été introduit en 1824 par le chimiste français Nicolas Clément, qui l’a dérivé du mot latin « calor », qui signifie chaleur. La calorie a été utilisée pour mesurer la chaleur produite par des réactions chimiques, mais son utilisation s’est ensuite étendue à la mesure de l’énergie contenue dans les aliments. Ainsi, les crudités étant à faible teneur en calories auront un effet rafraîchissant. De ce fait, l’application de ce mode alimentaire peut s’avérer très efficace pendant les canicules. Ceci permet de supporter les jours de grandes chaleurs. Ce n’est pas un hasard que la nature nous les fournisse pendant l’été.
Outre des situations occasionnelles ou saisonnières, il existe des personnes de tempérament « chaud ». Généralement des personnes de forte corpulence, car leurs masses musculaire et graisseuse ont la capacité de réchauffer le corps. Bien entendu, des exceptions existent mais non sans raison. Ces personnes en tenue « manche courte » quasi permanente peuvent se permettre de consommer le tout cru plus que d’autres. Eux-mêmes produisent une telle chaleur que le cru ne peut que leur faire du bien. À l’inverse, pour les personnes frileuses qui doivent réchauffer leur corps, le crudivorisme pourrait s’avérer néfaste car ils vont se refroidir encore plus. Ici, il n’est pas question d’hypothermie qui est une condition médicale qui survient lorsque la température du corps devient dangereusement basse, généralement en dessous de 35°C. Il s’agit d’un refroidissement léger non dangereux pour la vie mais qui a tout de même des incidences sur la physiologie, comme déjà expliqué plus haut. Bien entendu « les frileux » ne doivent pas exclure l’alimentation crue. Au contraire, tout le monde devrait en avoir dans l’assiette. C’est juste que pour eux le cru doit être accompagné ou suivi de cuit et d’hypercalorique .
Nous avons vu que ce qui est bon pour certains ne l’est pas forcément pour d’autres. Infliger le même traitement à tout le monde n’a aucun sens. Tout est une question de besoins. Notre mode de vie doit être adapté. Le choix des aliments doit se faire en fonction du tempérament ou du moment. Nous sommes dotés d’un instinct qui est capable de nous guider vers la nourriture adéquate à chaque instant. Malheureusement ce guide reste muet chez une grande partie de la population. L’alimentation moderne enrichie de substances diverses, modifie notre comportement gustatif et anesthésie complètement notre instinct. Nous ne sommes plus capables de différencier le besoin nutritif de l’envie gustative. Aiguillé constamment vers des plaisirs artificiels, notre goût pour l’authentique disparaît et s’installe par là-même la peur de se priver du poison.
L’instinct qui est notre guide biologique, étroitement lié à notre environnement, connait parfaitement et à tout moment nos besoins. Lorsqu’on le laisse s’exprimer, il nous dirige vers la nourriture adéquate. Sachant que dans l’organisme rien n’est constant, les besoins nutritifs changent de jour en jour. Chaque aliment apporte une richesse nutritionnelle différente. Manger la même chose nous expose au déséquilibre. Manger varié et laisser l’instinct parler, c’est une formule sans faille. Ne pas confondre instinct et envie. Car cette dernière pourrait être purement émotionnelle et n’est jamais de bon conseil. L’instinct ne nous trahira jamais et ne nous emmènera pas vers le poison. Il nous guide intelligemment vers la nourriture qui comble nos besoins. Et contrairement à notre mental, il n’oublie pas le cru. Il sait à quel point ces aliments sont importants. Car non seulement ils nous offrent leur richesse nutritionnelle, mais nous fournissent également de l’énergie vitale, puisée de notre Mère Nature.
Alors,
Le cru : oui. Le tout cru : peut-être…

